Le travail à l’heure de la mondialisation

Le travail à l'heure de la mondialisation

Rubrique : Ouvrages individuels

Auteure : Mireille Delmas-Marty

Éditions : Bayard

Collection : Lundis du Collège de France

Cartographie : VII – Autour d’un droit commun

Date de parution : 28 mars 2013

Résumé

Mireille Delmas-Marty y explore les enjeux du travail à l’ère de la mondialisation, en se penchant notamment sur la question de la protection des droits des travailleurs dans un contexte de concurrence internationale accrue.

L’auteure aborde également les défis posés par l’émergence de nouvelles formes de travail et de nouvelles technologies, ainsi que les réponses possibles proposées par l’humanisme juridique pour la promotion de conditions d’un travail décent et respectueux des droits humains.

La quatrième de couverture indique :

La mondialisation actuelle, autant juridique qu’économique, apparaît à première vue comme un progrès, sur le plan de la prospérité comme de l’universalisme des droits de l’homme. Pourtant, les écarts se creusent entre les plus riches et les plus pauvres, les frontières se ferment aux humains en même temps qu’elles s’ouvrent aux capitaux, le malaise au travail s’accroît. Avec sa rigueur habituelle, Mireille Delmas-Marty cherche les causes d’une telle discordance entre travail et mondialisation et ose une lecture politique très éloignée du fatalisme actuel : pourquoi le droit de l’Organisation internationale du travail ne peut pas être imposé par des juges internationaux alors que le droit du commerce est contrôlé par un organe qui peut organiser des sanctions ? N’est-ce pas la lenteur de la mondialisation du droit social, face à la rapidité de la mondialisation économique, qu’il convient d’interroger ? Et si la crise financière nous offrait la possibilité de réconcilier mondialisation et humanisation ?

Camille Dorignon écrit ainsi au sujet de l’ouvrage :

Mireille Delmas-Marty se consacre depuis de nombreuses années à ce qu’elle semble considérer à la fois comme une proposition doctrinale, et presque comme une espérance : l’humanisme juridique. C’est dans cet esprit qu’il faut lire le petit livre Le travail à l’heure de la mondialisation […]. En effet, ce dernier consiste principalement en une quasi-retranscription en quarante pages d’une conférence prononcée par Mireille Delmas-Marty et de deux annexes consacrées à l’humanisme juridique, thématique de recherche dans laquelle elle inscrit cette conférence. La juriste appelle de ses vœux une communauté non seulement « internationale, qui est une communauté des États, mais une communauté véritablement humaine ».

[…] Pour [cette] conférence […], femme de conviction, elle s’était pliée à l’exercice de la délocalisation de certains enseignements du Collège de France à Aubervilliers, dans le cadre des « lundis du Collège de France », et ce le 23 mai 2011 au Lycée Le Corbusier.

[…] Selon Mireille Delmas-Marty, si les textes, si les instruments juridiques vont toujours plus loin dans la facilitation de la libéralisation des échanges, un « paradoxe des frontières » existe néanmoins bel et bien : cette libéralisation est unilatérale. Quand il s’agit des hommes, les barrières se reforment et la Déclaration des droits de l’homme de 1948 est impuissante à contrer les puissantes réglementations de l’OMC. Les traités économiques et commerciaux sont appliqués avec fermeté, mais il n’en est pas de même des instruments dédiés au « droit des gens ».

À cette problématique de la discordance elle répond, en juriste, en deux temps. En premier lieu elle pose la question des causes de cette discordance, pointant notamment le triomphe du libéralisme, une cause profonde sans doute politique (p. 35). Elle dénonce la séparation entre droits du marché et droits sociaux. En second lieu, des éléments de conciliation entre travail et mondialisation sont proposés, dans la mondialisation elle-même ou dans la responsabilisation des entreprises transnationales. Néanmoins, on reste dans un univers de réflexion assez théorique.

Ainsi, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, Mireille Delmas-Marty a depuis longtemps cessé d’être uniquement une pénaliste, et à l’instar d’Alain Supiot, à l’origine juriste travailliste, et qu’elle cite d’ailleurs, elle s’est muée en conscience de son temps ; elle puise pour les deux textes qui figurent en annexe parmi les réflexions que lui ont inspirées ceux qui l’ont accompagnée et questionnée tout au long de son parcours d’intellectuelle, de Kant à Carl Schmitt et de Foucault à Ricœur. Cependant, c’est un peu désarçonné que le lecteur passe du ton oral et accessible de la conférence à l’expression d’une pensée virevoltante, qui se déploie tout autant dans la première annexe, « Le mythe de l’humanisme juridique », que dans la seconde, « Une utopie réaliste : humaniser la mondialisation ». Mireille Delmas-Marty y déploie la même virtuosité qu’Alain Supiot dans Homo juridicus pour évoquer des questions extrêmement diverses. De cette diversité on retiendra avec attention un passage d’actualité fort préoccupante, celui consacré à la critique qu’elle fait des courants trans- ou post-humanistes, qui promeuvent l’humain « augmenté ». […]  Assurément, ces pages stimulent la réflexion et proposent de la prolonger par la lecture de l’ouvrage que l’auteure a publié en début d’année au Seuil, Résister, responsabiliser, anticiper. Ou comment humaniser la mondialisation.1

Note : il s’agit d’un extrait du texte dont les notes de bas de pages ont été retirées. Vous pouvez trouver le texte en libre accès grâce au lien suivant : https://doi.org/10.4000/lectures.11441.

  1. Dorignon, Camille. « Mireille Delmas-Marty, Le travail à l’heure de la mondialisation [compte-rendu] ». Lectures, 9 mai 2013, source.

Pour citer ce texte : Portanguen, Antoine. « Le travail à l’heure de la mondialisation », La Boussole des possibles, 2025. https://laboussoledespossibles.fr/?p=762.

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